Requiem de Mozart

pour chœur à voix égales

de femmes

& orchestre à cordes

Composer un requiem, c’est partager sa vision et ses émotions les plus personnelles. On n’écrit pas une musique liée à la mort comme une petite danse de salon ; l’engagement intime est forcément très différent. Nous sommes en effet tous concernés par la mort…

Les œuvres religieuses liées à la mort sont très souvent des œuvres de commande, dans un cadre cultuel précis. D’une façon générale, le texte de la messe catholique insiste sur la peur du jugement dernier, la toute puissance divine qui accorde le repos et la lumière éternelle à qui a su s’en montrer digne. Le culte protestant, plus axé sur la renaissance du défunt et sa joie d’être accueilli dans la lumière de Jésus, possède de plus la particularité d’être adapté à la personnalité du défunt. Restituer le souffle et l’esprit d’un texte musical du passé lié à la mort n’est donc pas aisé.

A nous, interprètes, de tâcher de comprendre l’état d’esprit et le langage de l’époque, et au delà, de recréer une attitude et une émotion qui restent uniques, car intimement liées à la personnalité du compositeur et son sentiment devant ce qui reste probablement notre point de jonction le plus fort avec lui, malgré le temps et les différences de style de vie, de connaissances et de culture :
la conscience que nous allons tous mourir.

Sa place particulière dans l’histoire de la musique, et dans le patrimoine culturel mondial tient à deux éléments : la légende qui entoure sa création (commande passée par un homme mystérieux, habillé en noir..), et surtout sa beauté expressive incomparable.

Mozart retrouve avec le Requiem l’essence de l’expression musicale religieuse telle que les musiciens baroques la concevaient : « muovere gli affetti », c'est-à-dire «bouger les émotions ». En cela, Mozart s’oppose effectivement à la veine musicale religieuse qui deviendra, à partir de la cour de Vienne, le modèle européen de l’expression religieuse : une musique d’église symphonique, virtuose, opératique et concertante.

Avec le Requiem, l’obligation d’obéir (même en apparence) à des canons « viennois » a justement disparu. Mozart compose pour un mystérieux commanditaire, et a même l’impression de composer sa propre messe des morts (il le dira à Constance). Sa liberté d’expression est donc totale, et les domaines dans lesquels il excelle peuvent s’exprimer sans contrainte : la mélodie, l’expression juste qui donne aux mots tout leur relief et qui révèle leurs sens caché.

Ainsi Mozart, contrairement à ses contemporains, renoue avec le fil de la musique

religieuse qui met le mot avant l’artifice musical, et l’engagement émotionnel personnel derrière le mot ; il est en cela l’héritier en ligne directe de Josquin Després, Monteverdi, Charpentier, Haendel et Jean-Sébastien Bach.

Les solistes